Le banc blanc.
Il est encore trop tôt, elle n'est pas là mais elle viendra... elle vient toujours. Invisible derrière la haie, elle s'avancera et m'apparaîtra pour venir s'asseoir sur le banc blanc sans prêter davantage attention à ma présence, moi si proche et si loin d'elle. Le temps qu'elle arrive, je l'occupe à deviner la façon dont elle sera vêtue. Une robe, certainement, par cette après-midi ensoleillée; j'imagine également un sac de toile en bandouilière, un sac léger duquel elle sortira un ouvrage mystérieux qu'elle ouvrira une fois assise, alors qu'elle aura croisé ses jambes nonchalamment, profitant de la chaleur bienveillante pour entrer dans une lecture dont je ne serai pas le héros. Dès lors, elle me confiera à son insu de longues minutes que je passerai à l'observer à la dérobée, mimant maladroitement l'insouciance de sa présence tout en espérant un regard, un simple regard que je croiserai avec, dans mes pupilles, un mélange de détachement feint et d'anxiété mal contenue qu'il me faudra pourtant contenir à tout prix. Je l'attends, ce regard, je l'attend et le redoute au moins autant. Mais pour l'instant il est trop tôt... Trop tôt !?! J'espère tellement qu'il ne soit pas trop tard !
250 ISO pour une vitesse de 1/400 s à f/5.6. Une image simple cadrée au 600mm, mais j'ai aimé le côté romantique de l'endroit .